Aujourd'hui, direction Dos d'Âne, un petit village perché à plus de 1 000 mètres d'altitude sur les sommets de l'Ouest de La Réunion. Ici, le temps semble s'arrêter. L'air est plus frais, plus pur, et l'océan Indien s'étire à perte de vue en contrebas.
Dans ce paysage préservé, un hectare et demi de terre s'anime au fil des saisons : des chrysanthèmes flamboyants, des gerberas éclatants et des lys élégants y fleurissent. C'est sur cette exploitation familiale que Laurence Bergeret cultive ses fleurs avec patience, passion et amour.
Nous poussons la porte de son exploitation pour vous faire découvrir le quotidien d'une horticultrice et percer le secret des plus belles fleurs des marchés forains de l'Ouest de La Réunion.
Laurence a grandi entourée de fleurs, bercée par le doux parfum des reines marguerites et des glaïeuls que cultivaient ses parents.
Pourtant, elle ne s'imaginait pas forcément suivre leur chemin. Adolescente, elle rêvait d'autres horizons. Mais la terre et les fleurs exercent cette force invisible qui vous rattrape lorsqu'elles ont marqué votre enfance.
Le destin s'est dessiné lors de sa rencontre avec son mari, alors maraîcher à Dos d'Âne. Ensemble, ils ont progressivement transformé leur exploitation. Lui cultive les légumes, elle fait éclore les fleurs.
Puis, il y a dix ans, les fleurs prennent toute la place. L’exploitation devient entièrement florale.
De la graine au bouquet, rien n’est laissé au hasard chez les Bergeret. Chaque jour, Laurence et son équipe – son mari, son beau-frère et un employé – s’occupent de leurs plantations avec rigueur.
À l’aube, elle commence la récolte, sécateur en main, en sélectionnant les plus belles fleurs. Chaque tige est coupée avec précision, triée, nettoyée, puis préparée en bouquets. Un travail minutieux, répété jour après jour, au gré des saisons et des commandes.
Les défis climatiques font partie du métier. En été, la chaleur ralentit la production, et pendant la saison cyclonique, tout peut être perdu en quelques heures. Dans ces moments-là, il faut se relever, replanter et reconstruire, avec toujours cette même détermination.
Mais les petits bonheurs du métier valent tous les efforts. Voir les fleurs éclore après des semaines de patience, observer leurs couleurs s’intensifier sous le soleil du matin, recevoir des photos de clients fiers de leurs compositions… C’est ce qui donne du sens au travail de Laurence.
Les fleurs de Laurence prennent vie sur les marchés forains de l’Ouest. Trois fois par semaine, elle installe son stand et retrouve sa clientèle fidèle :
📍 Le mercredi au marché du Port
📍 Le vendredi à l’Oasis
📍 Le samedi à Saint-Paul
Les fleuristes et les particuliers viennent s’approvisionner, échanger quelques mots et choisir les plus beaux bouquets pour décorer leur maison, célébrer un mariage ou honorer une cérémonie religieuse.
"Les clients me disent souvent : ‘Merci pour ces belles fleurs, elles ont illuminé notre événement.’ Ça me fait plaisir de savoir que mon travail accompagne des moments importants."
Quand on lui demande ce qui fait la beauté et la longévité de ses fleurs, Laurence sourit et répond simplement :
"C’est l’amour."
Pas de secrets bien gardés chez les Bergeret. Juste le soin apporté à chaque tige, la patience et l’attention du quotidien.
Laurence nous partage quand même quelques conseils pour prolonger leur éclat chez soi :
✔️ Changer l’eau du vase tous les jours
✔️ Couper les tiges en biseau
✔️ Éviter l’exposition directe au soleil
Lorsqu’elle a débuté, Laurence était l’une des rares femmes sur les marchés forains. Il lui a fallu prouver qu’elle avait sa place dans ce milieu encore largement masculin.
Aujourd’hui, elle observe avec fierté que de plus en plus de femmes se lancent dans ce métier.
"Si on veut, on peut. Peu importe les préjugés, les femmes ont leur place dans l’agriculture."
Malgré les défis du quotidien, elle ne changerait de métier pour rien au monde. Voir ses fleurs grandir, apporter de la joie aux gens et partager sa passion, c’est ce qui l’anime.
En 2024, l’exploitation des Bergeret a ouvert ses portes au public le temps du Festival des Sens, organisé par l’Office de Tourisme de l’Ouest.
Les visiteurs ont découvert l’envers du décor : les serres, les cultures, la minutie du travail nécessaire avant que les fleurs n’arrivent sur les étals des marchés. Beaucoup ont été surpris par la richesse de ce savoir-faire local.
Cette expérience a fait germer des idées chez Laurence et son mari : et si leur ferme florale accueillait plus souvent des visiteurs ?
Ils envisagent un projet de meublé de tourisme, où les voyageurs pourraient séjourner au cœur des plantations.
D’ici là, vous pouvez retrouver Laurence sur les marchés forains de l’Ouest. La prochaine fois que vous passerez devant son stand coloré, prenez le temps d’échanger avec elle, d’admirer son travail et peut-être de repartir avec un bouquet.
Car derrière chaque fleur se cache une histoire, une patience infinie… et surtout, beaucoup d’amour.
Texte et photos : Roxane @ Happei