Aujourd’hui, on vous embarque avec nous dans la ville du Port, mais on reste à quai, pour rencontrer Fred Boulon, plus connu sous le pseudo de Gorg One. Si son nom ne vous dit rien, vous avez très certainement déjà aperçu une de ses fresques colorées sur des façades à la Réunion.
Peinture sur toile, muralisme, dessins, sculptures, volume ou encore installations éphémères, Gorg One est un artiste complet à la sensibilité assumée, qui évite de s’enfermer dans les cases pour se définir. Il utilise l’art comme moyen d’expression, de revendication, mais aussi de transmission.
En plein préparatif de sa prochaine exposition “Morceaux de cétacés”, Fred nous reçoit à La Friche, un ancien centre de tri de la poste mis à disposition par la ville du Port, où il occupe une résidence avec d’autres artistes.
Cette exposition immersive dans le monde des baleines, se tiendra au Hangar D2 sur les quais du Port Ouest, elle sera inaugurée le 21 septembre 2019 à l’occasion des Journées Européenne du Patrimoine.
La commune du Port s’investit en matière culturelle depuis plusieurs années, que ce soit avec le Kabardock, le Théâtre sous les Arbres, avec des actions comme Ville-Musée ou encore avec des lieux comme La Friche.
Une façon de soutenir et encourager les artistes de ce vivier culturel, tout en démocratisant l’art et la culture afin de les rendre accessibles au plus grand nombre.
Le Port, c’est aussi la ville de cœur de Gorg One. Originaire de la région marseillaise, l’artiste de 42 ans diplômé en art vit à La Réunion depuis une dizaine d’années, c’est d’ailleurs ici qu’il découvre la peinture sur façade.
Depuis, il a laissé plus d’une trace sur les murs avec ses dessins évoquant la nature, les animaux, et un style singulier rempli de poésie, mêlant traits et aplats de couleurs.
Gorg One travaille régulièrement avec des écoles, et des associations de quartier, il aime aller à la rencontre des gens. Un moyen pour lui de rendre l’art accessible à un public qui n’a pas pour habitude de fréquenter les musées.
Il fait d’ailleurs partie de la première vague d’artiste à avoir participé au projet Ville-Musée au Port.
Ce projet collectif associant habitants, street-artistes, et bailleurs sociaux en est à sa 4e édition, que vous pourrez découvrir, à vélo, lors du balade guidée le dimanche 22 septembre.
Une action menée par l’association Village Titan, durant laquelle des street-artistes locaux et internationaux décorent les façades et donnent un nouveau visage aux quartiers, sous le regard conquis des habitants.
En observant les œuvres colorées de Gorg One, il est difficile d’imaginer qu’auparavant, c’est le noir et la mort, que l’artiste représentait. Aujourd’hui, baleine, cerf, singe ou bien éléphant sont au cœur de ses créations remplies de poésie.
Il puise son inspiration dans la nature et la défend à coup de pinceau ! Une forme d’acte militant pacifiste qui lui permet de passer un message fort « sauvons cette nature si belle et si fragile ».
On aime le travail de Gorg One, et les messages engagés que véhiculent ses dessins, mais ce qui nous a le plus touché, c’est l’humilité, l’histoire et la sensibilité de l’homme qui se cache derrière l’artiste et les peintures.
Fred nous confie avec émotion qu’il lui a fallu du temps avant de réussir à vivre complètement de son art « ça a marché du jour où j’ai décidé de parler de ce que j’aimais vraiment et d’arrêter de faire ce qui allait plaire à l’autre ».
Si avec ses grandes fresques murales il amène de la couleur dans les quartiers où il y en a parfois plus, il est aussi porteur de valeurs fortes auprès des habitants.
En prenant son parcours pour exemple, il encourage les jeunes à aller au bout de leurs rêves et à faire ce qu’ils aiment vraiment « tu peux faire de ton rêve un métier, ça ne va pas être facile, il faut s’en donner les moyens, mais c’est possible. ». Des mots qu’il aurait aimé entendre étant plus jeune et qu’il espère motiveront la nouvelle génération.