La vague jaune fluo qui a inondé les ronds-points de l’île et provoqué quelques pénuries nous offre aussi l’occasion de réfléchir à reconsidérer notre façon de consommer, à plus ou moins long terme, selon nos consciences et idéaux. L’idée « d’alternative », puisque c’est le mot consacré, est justement celle qui fonde le Comptoir du Vrac, à Piton St Leu. Une épicerie - mais pas que - où on trouve des produits « zéro déchets », sans emballages, au minimum certifiés bios lorsqu’ils sont issus de l’importation, pour la grande majorité fournis par des petits producteurs d’ici ou d’ailleurs. « Une des missions de l’association Place au Vrac qui porte le projet - créé en février 2017 - est d’aller à leur rencontre, de créer une relation de confiance, de regarder les terrains et voir à quoi ressemble réellement les exploitations ». Et la qualité de ce qui passera dans nos assiettes est un critère incontournable mais est loin d’être le seul. Il s’agit aussi de créer un tissu (de fournisseurs), de favoriser les circuits courts et de miser avant tout sur l’aspect humain.
D’où la spécificité du lieu basé sur fonctionnement participatif. C’est ce qui le différencie des magasins « bio-équitables » qui se développent actuellement sur l’île. Ça, et les prix. Les deux aspects sont liés car l’enjeu est de rendre ce genre de produits accessibles à toutes les bourses. Comment y arriver ? En agissant sur les marges… et en intégrant dans le mode de consommation une autre valeur que celle de l’argent : le temps ! Ainsi, vous l’aurez compris, il faut être adhérent de l’asso pour y faire ses courses. Donner de son temps fait partie du deal et des conditions de base du fonctionnement.
On trouve au Comptoir des légumes (deux fois par semaine, apportés par des petits producteurs locaux) et déjà un choix conséquent de produit « secs », dont certains pour le moins inhabituels (c’est l’occasion d’échanger et de tester de nouvelles recettes !). Mais l’endroit abrite également un espace « friperie », un espace de troc et un coin dédié aux marmailles. Enfin, le Comptoir du Vrac - comme son nom ne l’indique pas forcément - se veut être aussi un « café citoyen » où peuvent s’organiser toutes sortes de rencontres et d’ateliers à l’initiative des adhérents. Cela peut aller de l’aromathérapie à la fabrication d’objets, en passant par la couture (axée sur le réemploi des tissus). Ou bien encore des événements culturels tels des soirées projections. « C’est un peu le côté tiers-lieu du projet » souligne Maddie, ancienne infirmière engagée activement dans l’asso.
En moins de deux ans, l’idée a su séduire. L’association compte aujourd’hui 380 familles adhérentes (en effet, l’adhésion vaut pour une famille entière) qui donnent un peu de leur temps : trois heures par mois et par famille. En fonction des contraintes et facilités de chacun, les interventions se font sur des créneaux fixes (bureautique, vente, préparation) ou non (ateliers, partage de savoirs, ou en intégrant une équipe de travail). Résultat : que ce soit pour l’aspect éco-responsable lié à la vente en vrac et aux produits bio/équitables et/ou pour une recherche de contact social ou de proximité, le lieu attire des familles aux profils variés.
Finalement, le Comptoir du Vrac est tout autant une activité à taille humaine qu’un espace de vie. Vu l’ambiance sur place (tout le monde parle avec tout le monde, on est loin loin des supermarchés impersonnels) on comprend et adhère à la réussite de l’initiative. Il n’y a qu’à venir sur place pour être convaincu que ce type de lieu mérite d’être développé un peu partout. Allez ! Craquons et vraquons tous !
Texte et photos : Lalou. Agence Zed