Noël lontan n’était pas la fête commerciale que l’on connaît maintenant. C’était avant tout une fête religieuse, celle de Ti-Zézi, celle de la famille. C’était le plus souvent Ti-Zézi qui passait déposer les zouzous que tous les enfants attendaient. Les zouzous en question étaient déposés sous les oreillers des enfants ou parfois carrément sous leurs lits. Mais il semble bon de dire que la coutume d’édifier un arbre de Noël pour les enfants n’était pas encore établie, sauf peut-être dans certaines familles.
Ce n’était pas à Noël que l’on offrait des cadeaux mais au moment de zétrene le Jour de l’An. Pour les petits garçons une boul une balle en caoutchouc joliment et vivement décoré ou bien une toupie égalent peinte et vernissée ; ou bien encore un révolver à fléchettes ; et presque toujours des balon-siflet avec lesquels ils cassaient les oreilles des parents à longueur de Jour de l’An.
Les fillettes recevaient traditionnellement des poupées : quand celles-ci pouvaient fermer les yeux, c’était un ravissement total ; sinon c’était des dînettes avec lesquelles elles s’empressaient d’aller jouer ti-kaz. Dans les familles aisées Papa-zour-dlan apportait des autos, des camions, de petits trains en bois ou en tôles.
Le Jour de l’An était aussi synonyme de bon manger. On profitait pour sacrifier le cochon parfois élevé « de moitié », pour le meilleur cari servi sur un platée de riz de table…On mangeait également le fameux pâté créole à la pâte fine avec de la viande de porc à l’intérieur, on buvait de la liqueur accompagnée de bonbon shanpagn : quand l’enfant était déjà for, il avait le droit de déguster le fond de verre de son père.
Le Jour de l’An était marqué par le passage du zako malbar dans les rues de la ville suivi par une ribambelle de gamins toujours étonnés par les katsou du personnage pour ramasser les pièces avec la bouche que le public lui jetait. Certains marmailles avaient peur du Zako…
Enfin, le 1er janvier était le moment où on allait présenter ses vœux à la famille, moment souvent apprécié des certains petits malins ; ils ne souhaitaient pas la bonne année mais la demandait : « Parain, mi vien domann aou la bone ané ! » Et le parrain était trop heureux de remettre à son fiyo un ti-katsou caché depuis longtemps dans l’armoire, quelques fois symboliquement c’était une poule de la part de la marraine.