Aussi appelé Taille-vent, il est un oiseau marin migrateur endémique de notre île. Avec ses 40 cm de long et son petit mètre d’envergure, il fend le ciel au coucher d’un soleil d’été, suivant l’air chaud et ascendant au-dessus de la Rivière des Galets qui serpente jusqu’au pied de sa demeure, le Grand Bénare.
Juste en dessous du sommet, c’est sur ces petits plateaux et terrasses accrochés dans les fortes pentes, qu’il creuse son terrier parfois profond de 2 mètres. Le retour au nid s’avère ainsi périlleux et nécessite de réaliser un geste technique particulier.
UN OISEAU SOUS LE VENT
Le Taille-vent doit en effet se laisser tomber au dessus du terrier, dans les broussailles, et rejoindre ensuite comme il peut l’entrée de son nid. Car l’agilité en vol du Pétrel ne gage pas de son bon équilibre au sol. Ainsi, il est incapable de marcher sans que sa tête ne bascule vers l’avant, ses pâtes étant placées trop à l’arrière de son corps.
La nature l’a ainsi fait de sorte qu’il n’ait jamais besoin de toucher terre sauf pour rentrer chez lui, là où il élèvera son petit. La seule raison qui pousse un Taille-vent à se poser au sol, c’est la confusion qu’il peut faire entre les reflets de la lumière émise par la lune, visibles sur la mer et les lumières des installations humaines.
Une fois au sol, incapable de s’envoler de lui-même, il devient une proie facile pour son pire prédateur : le chat.
UNE ESPÈCE MENACÉE
La route vers l’océan est semée d’embuche, c’est ce qu’apprendra à chaque saison, l’unique oisillon de chacun des 6 ou 8 000 couples qui constituent la colonie Réunionnaise. Et bientôt l’hiver austral pousse les parents à repartir en migration vers le Nord et l’Est de l’océan Indien, à plus de 1000 km, laissant leur progéniture au nid, seul avec ses réserves de graisses.
Le jeune Pétrel va continuer de grandir au fond de son terrier, pour être finalement, une nuit, irrésistiblement attiré par les rayons de la lune, qui l’appelle pour son premier vol.
C’est alors qu’il se jette hors du terrier, et après quelques roulades dans la pente et une chute libre de plusieurs mètres, il déploie et commence à battre des ailes, guidés par les lumières nocturnes, vers la mer qui l’invite à sa première pêche. La période de l’envol des jeunes, au début de l’hiver austral est critique, et la mortalité de cette espèce, classée en danger, est encore élevée.
Alors soyons tous vigilants et contactons la SEOR lorsque nous découvrons un oiseau échoué.