Il a créé un jardin pour conserver les plantes menacées du patrimoine de La Réunion. À deux pas de l’Étang Saint-Paul, au Tour des Roches, Paulo cultive patiemment son coin de Paradis.
« Je n’ai pas eu la chance de faire le métier de jardinier », précise tout de suite Paulo Brigy, instituteur et directeur d’école à la retraite. Mais depuis 5 ans, cet « inconditionnel de la nature, des plantes et de la biodiversité » passe le plus clair de son temps à entretenir les deux hectares de terrain où il a créé son jardin lontan. « On avait des plantes extraordinaires à La Réunion, mais beaucoup sont en train de disparaître parce que les gens ne se souviennent plus de leur utilité. J’ai voulu créer ce jardin pour sauver ces plantes. »
Fruits d’antan, plantes médicinales, cafés, vanille, épices : sur cette terre alluviale gorgée d’eau du fait de la proximité de l’Étang, Paulo conserve les saveurs et les secrets oubliés des végétaux : « Même ce que les gens appellent aujourd’hui les mauvaises herbes, je les entretiens. Je n’aime pas ce terme, mauvaise herbe. 95% des plantes qui poussent ou ont poussé à La Réunion ont eu, à un moment donné, une utilité, culinaire, médicinale ou autre. Le fait que plus personne ne s’en rappelle ne fait pas de la camomille ou du poc-poc de la mauvaise herbe ! Je travaille avec des tisaneurs qui, eux, savent très bien en tirer les bienfaits. »
Au total, 350 à 400 espèces sont rassemblées dans la verte pagaille de ce jardin créole dont on peut faire le tour tous les premiers samedi du mois. « Il y en a pour 1h30 à 3h » précise Paulo, qui prend souvent le temps de proposer des dégustations et des ateliers de transformation avec ses visiteurs. « Farine de manioc, bonbon l’arrow-route : ces choses qui font partie de notre patrimoine à tous. »
Une promenade indispensable pour tous les amoureux de la nature et de ses mystères.
Texte : ZED – Photos : Mickaël Dalleau / ZED