Le cimetière marin a été implanté sur le site de la Baie de Saint-Paul, premier lieu de peuplement par les français de l'île de la Réunion (appelée à l'époque Île Bourbon).
Créé en 1788 « dans le sable aride de nos grèves, sous les chiendents, au bruit des mers » (Charles Leconte de Lisle, Le Manchy), ce cimetière est inscrit au titre des monuments historiques depuis 2011.
À travers un mélange de tombes anonymes et de caveaux familiaux célèbres, on redécouvre l’aspect multiculturel qui fait la richesse de l’île. Anciens colons de Bourbon, forbans, grands propriétaires terriens, engagés indiens et chinois, marins au long cours, hommes politiques, célèbres poètes, ou humbles inconnus…Une promenade dans la « société ventre en l’air » (Prosper Eve, Cimetières de La Réunion, 1994) qui nous replonge dans l’histoire des pionniers.
Dans années 1970, le cimetière abandonné, envahi par le sable, est restauré afin d’accueillir dignement le retour des cendres de Charles Marie Leconte de Lisle. En 1977, le défunt poète et sa femme intègrent l’allée centrale du cimetière, face à l’ancienne entrée principale. Une nouvelle entrée est ouverte côté nord, et un mémorial au pirate Olivier Levasseur, dit « La Buse » est installé contre l’enclos de la famille Desbassayns, dans un but principalement touristique.
LE POÈTE EUGENE DAYOT
Le poète Eugène Dayot est une des personnalités les plus représentatives de la commune de Saint-Paul. Joachim Laurent Dayot, dit « Eugène Dayot » est né le 8 septembre 1810 dans le contexte historique de la guerre contre les anglais qui ont débarqué à Bourbon le 7 juillet 1810.
Le petit Dayot depuis son enfance passe son enfance puis son adolescence dans sa ville natale de Saint-Paul, il suit les cours du collège Raffray, institution privée renommée dans laquelle il acquiert le goût des « Belles Lettres ».
En 1828, Eugène Dayot entre dans l’administration des Ponts et Chaussées. En dehors d’un séjour de deux ans à Madagascar où il contracte la lèpre et trois mois d’exil à Saint-Pierre suite à des déboires financiers, il mène sa courte existence à Saint-Paul.
Deux évènements semblent l’avoir profondément marqué car on les retrouve à travers son œuvre littéraire :
D’abord la maladie qui se déclare à partir de 1830 et qui l’emporte « mutilé » à l’âge de 42 ans.
À vingt ans, Dayot se savait condamné, il a cependant résisté 22 années aux souffrances de la lèpre.
L’autre évènement, avant l’acte d’émancipation des esclaves en 1848, Dayot s’était en effet lancé dans le journalisme, fondant en 1839 à Saint-Paul son propre journal Le Créole.
Après la faillite du Créole en grande partie pour cause de propagation d’idéaux abolitionnistes, Dayot reste dans la presse comme feuilletoniste au Courrier de Saint-Paul, dans lequel il fait paraître les premiers chapitres de son roman historique inachevé Bourbon pittoresque. Il meurt en 1852 et est enterré au cimetière marin.
Hors enclos, côté mer, des ossements ont été découverts après le passage du cyclone Gamède, en 2007. Les fouilles archéologiques réalisées en 2011, ont permis de dater le site de la première moitié du XIXème siècle. Les origines de certains squelettes ont pu être déterminées grâce à la présence de dents taillées correspondant à des rituels africains du sud de la Tanzanie et du nord du Mozambique. Le nombre d’esclaves simplement ensevelis dans les sables est estimé à plus de 2000 sur environ 2500 m2.
- Le cimetière des esclaves et des oubliés